Nous sommes une famille de 6 qui avons eu le bonheur de vivre sur notre voilier Perla VII durant près d'un an

6 juin: La Delaware… et que dire d’autre!

Mardi, 6 juin, c’est difficile de sortir du lit. Il fait froid dans Perla et tout est gris à l’extérieur. Le départ est prévu vers 8 h. Ça ne donne rien de partir trop tôt, le courant serait alors contre nous.

Vers 7 h 30, pendant que l’on déjeune, la pluie reprend et les vents se lèvent. 20 nœuds? Vraiment? On annonce pourtant des vents légers pour toute la journée. À 8h30, l’averse cesse et Eric va lever  l’ancre. C’est un départ pour la Delaware.

Le vent demeure à 15 nœuds du Sud, alors qu’il devrait être du Nord… Ah non, pas la Delaware avec un vent de face. Même si nous sommes censés avoir le courant avec nous, on avance seulement à 4 nœuds sur une vague très courte. Il n’y a rien de pire que le courant contre le vent… Le courant ne nous aide pas et forme seulement une bien mauvaise vague. Avoir des mauvaises conditions avec le ciel bleu et la chaleur, c’est une chose, mais avec du froid cela frôle l’insupportable!

Eric et moi, on s’alterne toutes les heures pour aller se réchauffer. Alixia reste dehors en petite boule, Charline se couche dans son lit. Florane et Daphné tournent en rond.

Ces journées sont pénibles pour Daphné qui n’a pas le sommeil facile et qui a toujours besoin de faire quelque chose… Maman,qu’est-ce que je peux faire? Elle me pose cette question toutes les 30 minutes. J’essaie de dessiner des mandalas avec elle et Florane, mais ça finit par nous donner le mal de cœur. On joue à Battle ship, même constat. Le simple fait de nous concentrer sur les lettres et les chiffres nous donne mal à la tête. Normalement, lorsque ça brasse, on joue dehors et ça va, mais là avec la pluie, on reste à l’intérieur, et c’est vrai qu’on ne peut rien faire. Il faut prendre son mal en patience. Je lui propose de chanter, de faire du calcul mental, de raconter des histoires, non, elle n’a pas envie de rien. Elle veut jouer avec ses sœurs. Elle pleure son désespoir et je n'ai aucune solution.

Elles sont longues ces journées. Vraiment. Heureusement, les dauphins viennent nous saluer en sautant devant le bateau, en jouant dans les grosses vagues des cargos. À notre approche de Cape May, il y en a un peu partout. On est contents de les revoir. Ils mettent un peu de bonheur dans notre journée. Surtout qu’on a l’impression que l’on n’arrivera jamais. Avec ce vent qui nous a ralentis, on manque l’étale pour notre approche et on navigue contre le courant jusqu’à l’inlet. On va à 3 nœuds.

Ah… c’est tout un exercice de patience. On est tannés! On a le temps d’admirer les belles plages de Cape May. Alixia me répète : « Mais maman, on dirait vraiment qu’on n’avance pas. On reste toujours devant les mêmes bâtisses. »

Alors, là, je me mets à rêver de la marina Utch’s. Je me dis que ce soir, on pourra prendre une bonne douche, faire du lavage et sortir du bateau comme bon nous semble. Ça vaut bien la dépense. Pour le matin de fête à Charline, nous serons attachés au quai. La vie sera facile. On appelle à la marina : ils sont complets pour 3 jours, car il y a un tournoi de pêche de requins. AHHH!! Plan B, Plan B…
On espère de tout cœur qu’il reste encore un petit ancrage pour les voiliers. On arrive finalement dans l’inlet avec le maximum de courant avec nous… Nous qui pensions arriver 3 heures plus tôt, à l’étale. Un voilier entre avant nous. Mon cerveau ne s’habitue pas à ces images: le voilier semble se tortiller, tellement il y a des vagues et du courant qui le balance dans tous les sens. Nous sommes le prochain à passer dans ce manège. Eric barre avec son sang-froid habituel. Ça dure que quelques secondes, mais ce n’est jamais agréable. On a l’impression par moment que le voilier n’est plus manœuvrable tellement les courants sont forts et qu’ils arrivent de tous les sens.

Et voilà, on est passé. Maintenant, on se croise les doigts pour l’ancrage. Une barge, puis une autre, puis une autre. Un peu plus loin, on voit des voiliers, c’est bon signe. 3 sont déjà à l’ancre. Est-ce qu’il reste une petite place pour nous? On s’assure que nous aurons suffisamment d’eau sous le bateau à marée basse et on jette l’ancre. Enfin! Bon, on est loin d’être dans un décor paradisiaque, mais on est à Cape May et la Delaware est derrière nous!

Cynthia

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